jeudi 12 mars 2020

L'arnaque

Fin février, nous avons tous reçu dans notre boîte aux lettres, un document présentant le bilan de l’équipe municipale. Dans son texte d’introduction, Etienne Jacquet explique que la veille d’une échéance électorale doit être un temps de réflexion sur le bilan du mandat. Pour que cette réflexion soit complète, nous avons souhaité vous apporter des éléments d’information complémentaires en nous arrêtant sur quelques sujets représentatifs de ces 6 années.




Certains passages de ces 30 pages nous ont paru tellement éloignés de la réalité que nous n’avons pas pu rester les bras croisés. Ce qui est présenté est tellement différent des faits dont nous avons été les témoins privilégiés et que nous avons relatés dans notre blog mois après mois. 

Avec toute la modestie qu’on lui connait, le maire brosse un portrait glorieux de sa gestion de la commune depuis 2014 : une fréquentation touristique record, des relations idylliques avec la SECMH, des liens riches et fructueux avec les communes voisines, des associations choyées, un personnel communal comblé, … Pourtant, quand on discute avec les principaux intéressés, on constate rapidement que la réalité est très différente. Les échanges avec les remontées mécaniques ne se font quasiment plus qu’avec des courriers en recommandé, les relations sont glaciales avec les maires des stations voisines (pas seulement St-Gervais) et les associations doivent sans cesse quémander un peu d’aide. Quant au personnel communal, une grande partie désespère de pouvoir travailler dans des conditions normales avec un minimum de respect et sans subir les sautes d’humeur d’un maire caractériel.

Le dictateur
Dans son texte, Etienne Jacquet fait mention de projets construits dans l’écoute et la concertation. Ces 2 notions n’ont jamais existé pendant toutes ces années. Quelle concertation est possible quand les élus de l’opposition sont exclus de toutes les discussions ? Et pour pouvoir écouter, encore faut-il laisser la parole aux autres. Nous rappelons que pendant 6 ans, les questions du public ont été bannies des conseils municipaux. Ceux qui étaient contre une idée avaient forcément tord ou, au mieux, n’avaient rien compris. Tout ce qui n’avait pas été proposé par le maire était d’office écarté. 

Le magicien d’Oz
Pourtant, quand on regarde les décisions prises pendant ce mandat, toutes n’ont pas été si brillantes, loin de là. Un exemple flagrant : l’office de tourisme. Etienne Jacquet explique que les Contamines n’ont jamais connu une telle progression de la fréquentation, chiffre à l’appui : + 27 % rien que ça. Comme souvent, les chiffres sont sortis du chapeau sans les explications nécessaires. Ainsi la centrale de réservation aurait connu une hausse de 27% de son chiffre d’affaire à l’été 2019. Oui mais, par rapport à quoi ? A l’été 2018 ? à l’été 2014 ? C’est si facile d’annoncer des chiffres comme ça sans aucune explication. Nous avons interrogé plusieurs professionnels de la station à propos de cette supposée progression spectaculaire de la fréquentation. A leur grand regret, pas de trace des 27% avancés par le maire dans leurs caisses. D’autres chiffres sont annoncés là aussi pour épater la galerie : rendez-vous compte, 37 900 abonnés Facebook !!! …  alors qu’ils sont 47 000 pour les Saisies, 62 000 pour Saint-Gervais et 131 000 pour le Grand-Bornand…




La folie des grandeurs
A en croire le maire, tout s’est merveilleusement passé à l’Office de tourisme pendant ce mandat. Aucun problème, aucun souci… Quelle vision troublée des faits quand 6 directeurs se sont succédés en 6 ans. Un bien malheureux record pour une station. Qui peut être convaincu qu’une structure qui connait de tels chambardements peut réellement fonctionner normalement et aboutir à des résultats positifs ?  Nous sommes arrivés à une situation dans laquelle l’office de tourisme travaille sans relation avec les remontées mécaniques, les commerçants, les restaurateurs et hôteliers, les moniteurs, … Côté finances, la gestion a été aussi calamiteuse. Au début du mandat, ça dépensait sans compter : des concerts en veux-tu en voilà, des fêtes, des réceptions, … l’argent coulait à flot !!! Le maire et le directeur de l’EPIC étaient inséparables, comme deux larrons en foire, transformant la terrasse de la Bérangère en annexe de la mairie et partant ensemble faire des salons en Belgique. Etienne Jacquet ne manquait jamais l’occasion de faire des louanges de son nouveau meilleur ami.

C’est pas moi, c’est lui
Mais quand les caisses ont été vides (plus de 600 000 euros de dettes), la facture a été très lourde pour les finances communales.  Se déclarant ni responsable, ni coupable, le maire n’a pas hésité une seconde à faire porter l’entière responsabilité de ses fautes sur le directeur de l’Office. Celui-ci aurait tout dissimulé au Trésor Public et aux élus. Et qui était président de l’EPIC soumis à un devoir de vérification de la gestion de cette structure ? Monsieur le maire. Quand on accepte des responsabilités, il faut savoir assumer ses erreurs … Le « c’est pas moi, c’est lui », est un tantinet immature quand sonne l’heure du bilan.

L’usurpateur
En fait c’est simple, s’il y a un problème, c’est toujours à cause d’une tierce personne, d’une autre commune, d’un organisme régional, … En revanche, pour accaparer les réussites des autres, aucun souci, le maire des Contamines est le champion dans ce domaine. Un permis de construire est déposé, le Département goudronne la traversée du centre du village, la communauté de communes installe des conteneurs pour les ordures ménagères, un commerce ouvre dans le village, un hôtelier effectue des travaux, … Etienne Jacquet n’hésite pas une seconde à récupérer tout cela dans son bilan. Tout ce qui peut servir sa campagne est bon à prendre. Il a juste la décence de ne pas s’attribuer la hausse de la natalité dans notre village en 2019 !!! Par contre, pour toutes les activités qui ont fermé depuis 2014 (la Cendrée, la boucherie, la blanchisserie, le Totem, le Savoisien, « Atout toile », la résidence du Bonhomme transformée en appartements, ...), pas un mot. Pas un mot non plus sur l’état pitoyable de la voierie communale, sur l’état de délabrement du toit de l’église, sur l’absence de travaux d’isolation des bâtiments communaux,  sur l’arrêt des travaux de réfection de Notre Dame de la Gorge…

Avec la même volonté de récupérer tout ce qui est possible, ce bilan reprend même des dossiers lancés par la précédente municipalité. Ainsi le projet de la centrale hydroélectrique a été validé par la commune en 2012 à la suite d’une proposition de la société Quadran. L’équipe actuelle n’a fait que suivre le dossier. Par ailleurs, après l’avoir tellement critiqué, ce bilan ose sans aucun scrupule mentionner le jardin Samivel dans la liste des réalisations. Il faut quand même savoir que le maire rêvait de démonter les panneaux pour vendre le terrain à un promoteur immobilier… Quant au paiement des factures, c’est la justice qui l’a forcé à les régler à l’entreprise Esope, avec dommages et intérêts !!!




Voleur d’histoire
Un autre exemple pour bien comprendre comment Etienne Jacquet a gonflé artificiellement son bilan. Dans la rubrique « Patrimoine », plusieurs réalisations sont listées. Ce sont en réalité essentiellement des actions de l’association Mémoire, Histoire et Patrimoine qui, à chaque fois, a dû demander l’autorisation à la commune. Ainsi le remplacement de la porte de la chapelle du Baptieu, initié par cette association, a été totalement financé grâce aux dons collectés à l’occasion d’un concert de chants corses. La seule action de la mairie : accepter que ces travaux soient réalisés. Il en va de même pour le panneau d’information installé devant l’église : il a été imaginé, préparé, commandé et payé par cette même association. 

Etienne Jacquet se découvre un intérêt soudain et très opportun pour le patrimoine des Contamines. En 2015, il avait choqué de très nombreuses personnes en s’opposant officiellement au classement de l’église de Notre-Dame de la Gorge. Quant aux travaux de restauration de la chapelle de la Chapelle, il a fallu que, là encore, l’association du patrimoine signale à la mairie le très mauvais état de l’édifice, prépare un dossier pour convaincre les élus de s’intéresser à la question, les relance régulièrement, pour qu’enfin des travaux soient entrepris. Au diable les scrupules, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme … et se récupère pour remplir ces 30 pages …

Non, tu exagères !!!
Les réussites, c’est comme la confiture, quand on en n’a pas beaucoup, il faut les étaler. Ceux qui ont lu attentivement les 30 pages auront peut-être remarqué que chaque réalisation est citée 2, 3 ou 4 fois. Il faut bien remplir !!! Ainsi le parcours Nature et Patrimoine le long du Bonnant est mentionné à 6 reprises… Et comme si cela ne suffisait pas, la réalité est bien souvent enjolivée. Quelques réparations urgentes ont été réalisées au centre équestre. Cela est transformé en une « rénovation du centre équestre », les poteaux de la salle principale de l’espace animation ont été repeints. Cela devient « une salle d’animation repeinte et décorée ». Le pire est atteint avec l’annonce de « Quatre nouveaux médecins installés ». Dans les faits, ce sont 4 médecins qui assurent, à tour de rôle, une présence dans le cabinet médical pendant la saison hivernale. Le mot « installé » est quelque peu exagéré.

Amour, vengeance et trahison
Dans le même ordre d’idée, le maire se glorifie d’avoir instauré une redevance de 200 000 euros payée par la SECMH. Il n’en est rien, la redevance remplace une convention qui existait déjà avec les précédentes municipalités (contributions financières et large participation aux événements de la station). La SECMH a simplement accepté d’augmenter la redevance en contrepartie du maintien de la gratuité des navettes. Autre inexactitude, la commune n’a jamais financé de canons à neige. Pourtant le maire devrait le savoir vu les relations privilégies qu’il entretient avec les remontées mécaniques…




Des plans sur la comète
Enfin la dernière technique utilisée pour enrichir ce bilan bien maigre, est de compter parmi les réalisations celles qui ne sont qu’au stade du projet. La liste est longue : le projet de la maison du tour du Mont-Blanc, le projet de garage automobile, le projet de logements sociaux au Plane, le projet de lits chauds et, bien sûr, le projet du centre. Le maire nous parle de 868 lits chauds, tableau à l’appui. Mais concrètement, où sont-ils ? A quel endroit ont-ils été construits ? Nulle part. Le maire confond le passé et l’avenir, un bilan et un budget. A-t-il oublié que la concrétisation d’une grande moitié de ces 868 lits chauds est conditionnée par des actions en justice qui peuvent durer des années ? Concernant la proactivité des élus pour attirer d’éventuels investisseurs, elle n’est pas prouvée : le projet au sommet des Loyers est clairement à l’initiative de 2 entreprises privées qui ont déposé leur permis de construire sans aucun contact préalable avec le maire. 

Justice est faite
En 2014, le candidat Etienne Jacquet promettait qu’il réaliserait l’aménagement du centre du village. 6 ans plus tard, il a beau écrire que cet engagement est respecté, il est simple de constater que rien n’a changé. Tout est dans la même situation qu’en 2014, voire pire pour la sécurité des piétons qui essaient de trouver un passage entre les véhicules. Le projet est toujours à l’état de projet. Le maire s’est pris les pieds dans le tapis : le Tribunal de Grenoble a, en décembre, reconnu que la procédure de désignation du lauréat était irrégulière. Depuis, un recours contre cette décision a été déposé par le promoteur immobilier du projet. Etrangement, la commune qui en 6 ans n’a jamais hésité à dépenser des fortunes en frais d’avocats, n’a pas réagi. Est-ce faute d’avoir des arguments valables ?



Le loup de Wall Street
Enfin, une large partie de ce document est consacré aux finances de la commune. Le redressement budgétaire serait la plus grande réussite de ce mandat. Pour glorifier sa gestion, le maire noircit volontairement la situation de 2014. Contrairement à ce qui est annoncé, notre commune n’a jamais risqué d’être mise sous tutelle de l’Etat ou de devoir fusionner. Une pure invention d’Etienne Jacquet, qui n’est plus à ça près. La dette était, il est vrai, importante, mais cet argent emprunté auprès des banques avait permis de lancer des projets significatifs et nécessaires pour le village. Dans le passé, notre commune s’est endettée à plusieurs reprises pour par exemple, construire le parc de loisirs, l’espace animation, pour agrandir l’école, et aussi pour entretenir les routes et les bâtiments, rénover nos églises, ... 




Cet argent n’a pas été gaspillé inutilement. Aurait-il fallu ne rien faire pour ne pas endetter la commune ? ou seulement le strict nécessaire ? S’endetter, c’est investir, c’est croire à l’avenir, c’est lancer des projets qui à moyen et long terme vont rapporter. Et quand les taux d’intérêt sont au plus bas comme depuis plusieurs mois, on peut sérieusement se poser la question de savoir si ce n’est pas une grave erreur stratégique de gestion de ne pas profiter de ces conditions avantageuses.

Pendant ces 6 années, l’équipe municipale s’est consacrée au désendettement de la commune. Un emprunt dit toxique avait été souscrit. En 2016, comme toutes les communes dans la même situation, la nôtre a pu bénéficier d’une aide conséquente de l’Etat : plus de 3 millions d’euros providentiels sont arrivés ainsi dans les comptes communaux. 

Si on ajoute à cela une renégociation auprès des banques des taux d’intérêts comme l’ont fait quasiment tous les emprunteurs et un très contestable réétalement de la dette sur plusieurs années, l’explication de ces bons ratios est vite trouvée. Mais sans le rapport de la Cour des Comptes qui devait être rendu publique mais qui finalement ne l’a pas été, il est difficile de se faire un avis sur la supposée bonne gestion des finances. D’autant plus que les comptes de l’EPIC restent cachés… Pour avoir un avis objectif, nous avons consulté le site internet « Contribuables associés » qui passe à la loupe les comptes de toutes les collectivités françaises. Le maire des Contamines a obtenu la note de 2/20. Une claque pour celui qui semblait vouloir prétendre obtenir le prix Nobel d’économie !!!




Ville à vendre
L’un des moyens supplémentaires utilisé pour réduire la dette a été la vente de biens communaux. C’est un choix discutable. La richesse d’une commune tient compte de ses finances, de ses dettes mais aussi de ses biens immobiliers et de ses terrains. En 6 ans la dette a diminué, il est vrai, mais son patrimoine aussi. Le camping a ainsi été sacrifié. Il a été bradé à 724 000 euros (et non pas 950 000 comme il est écrit dans ce tract de campagne). Ce fût une décision loin d’être judicieuse pour cette activité rentable et stratégique pour notre station. En outre, on peut penser que ce qui n’a pas été encore vendu, a perdu de la valeur faute d’entretien nécessaire. Quand on fait un bilan, il faut tout compter, pas seulement ce qui arrange…

Se souvenir des belles choses…
Pour finir, nous souhaitons rappeler quelques sujets supplémentaires qui ont marqué ce mandat. Rappelez-vous …
2014 : démission du premier adjoint au lendemain des élections / départ mouvementé d’une conseillère de la majorité que l’on n’a jamais revu mais qui est toujours présidente de la Commission « Urbanisme, Droit des Sols, RTM, risques naturels, sécurité » / le nouveau médecin qui devait s’installer est « remercié » par le maire qui revient sur les accords passés / les navettes redeviennent payantes.
2015 : refus des subventions pour le projet de ski-roues / à ND de la gorge : projet de parc animalier, permis de construire pour un nouveau restaurant bloqué par une pétition signée par plus de 1000 personnes / série de cafouillages autour de la taxe de séjour / évincement de la correspondante du Dauphiné Libéré
2016 : arrivée d’un médecin non inscrit à l’ordre des médecins qui disparaît après quelques heures d’ouverture / fermeture définitive de la boucherie / hausse spectaculaire des tarifs pour la garderie, les activités touristiques, la location des salles de l’espace animation / les conseils municipaux deviennent de plus en plus courts et rares / flop de l’opération « conseil municipal des jeunes » 
2017 : projet du centre : après l’avis défavorable de l’enquête d’utilité publique, le permis de construire est retiré / nouveau PLU : 20 hectares de terrains constructibles supprimés / nouveau projet ski-roue avec goudronnage du chemin du Praz 
2018 : nouveau permis pour le projet du centre avec des immeubles de 21 m de haut / la valse des directeurs de l’EPIC commence / arrêt du soutien aux sportifs de haut niveau /suppression du jardin d’enfants des Loyers / travaux d’électrification au parc de loisirs et étendus jusqu’à la Duchère (le maire voit enfin son rêve le plus cher se réaliser …) / après un recours, le projet de ski-roues est revu : le chemin du Praz ne sera pas goudronné mais il risque d’être couvert de pierre de Salève.
2019 : après 4 ans de silence, la communication de la commune devient intensive / importants problèmes de fonctionnement pour la patinoire / chalet d’accueil de la patinoire : les travaux doivent être refaits pour monter de 50 cm / vente des terrains de la ZAC du Plane

Et pendant toutes ces années, on a compté plus de 30 départs parmi le personnel de la commune et de l’office de tourisme, des départs le plus souvent provoqués par des conditions de travail devenues insupportables et qui ont marqué durablement les personnes concernées. 
En bref, … Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu pour mériter ça ?

Dans un bilan, il y a un actif mais aussi un passif. Comme nous l’avons vu, certains points ont été ajoutés, embellis ou rectifiés, d’autres ont volontairement été omis par le maire pour fausser le résultat qu’il présente aujourd’hui aux électeurs. Maintenant, en toute connaissance de cause, à vous de VOTER … 


Lydie Roch-Dupland, Jean-Yves Raffort et David Mermoud


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