« Seriez-vous "Pour" ou "Contre" le rapprochement des communes de Saint-Gervais-les-bains et des Contamines-Montjoie, dans le respect des identités des deux villages, à l’identique de ce qui a été fait en 1974 entre la commune de Saint-Nicolas-de-Véroce et celle de Saint-Gervais-les-bains ? » Cette question est apparue sur les réseaux sociaux, il y a quelques jours. Certains ont cru à une plaisanterie dans le cadre du festival de l’humour de Saint-Gervais, d’autres y ont vu un poisson d’avril avant l’heure. Mais non, il s’agissait bien d’une initiative officielle de Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais.
Ce sujet qui fait tant parler dans tout le Val Montjoie depuis 10 jours n’est pas nouveau et il peut effectivement être mis au cœur des discussions. Cette question, même délicate n’est pas taboue. Des fusions de communes se font de plus en plus et peuvent souvent résoudre des problèmes rencontrés ici et là. Par exemple, les communes savoyardes de Seynod et de Metz-Tessy ont fusionné avec leur voisine respective. La réunion de 2 collectivités locales peut prendre plusieurs formes : cela va du simple rattachement de l’une à l’autre à la naissance d’une nouvelle entité. Ce sujet occupe une part importante des débats politiques au niveau national. Notre pays compte 36 681 communes et la réduction de ce chiffre est l'objectif d’une loi votée en 2010. Mais encore aujourd'hui, les parlementaires continuent à travailler autour de ce texte.
La loi actuelle précise que "la fusion de communes ne peut intervenir qu’entre communes limitrophes et entraîne la disparition de la personnalité morale de l’ensemble des communes concernées pour donner naissance à une personne juridique nouvelle et différente. Elle peut prendre deux formes distinctes : celle de la fusion simple et celle de la fusion-association. La fusion simple donne uniquement droit à la création d’annexes de la mairie dans certaines des communes fusionnées. La fusion-association permet quant à elle, sur demande des conseils municipaux de communes concernées, que le territoire et la dénomination de ces dernières soient maintenus en qualité de communes associées emportant institution d’un maire délégué, création d’une annexe à la mairie permettant l’établissement des actes de l’état civil et création d’une section du centre communal d’action sociale."
Il est donc important d’aborder ce sujet et on peut saluer l'initiative de Jean-Marc Peillex, même si la méthode utilisée pour cela est surprenante. Le premier magistrat de la commune voisine a voulu connaitre l’opinion des habitants du Val-Montjoie. Il aurait pu interroger les passants dans la rue, ou faire la tournée des bars pour discuter de cette proposition, mais il a préféré une méthode plus moderne en lançant un sondage en ligne pensant sans doute avoir des résultats fiables et utilisables pour appuyer sa démarche.
Mais le sondage est une méthode statistique qui exige quelques règles pour pouvoir obtenir une estimation d’une réalité à partir de réponses données par un échantillon de personnes. Ainsi, pour connaitre par exemple une intention de vote ou une opinion sur tel ou tel sujet, des personnes sont sélectionnées selon leur âge, leur profession, leur préférence politique, leur région d’habitation. On obtient alors un échantillon représentatif de la population et les résultats obtenus peuvent alors être interprétés comme étant un reflet exact de l’opinion générale.
Le sondage en ligne utilisé pour interroger les habitants du Val-Montjoie est très loin de respecter ces règles. Rien n’indique que les individus qui ont répondu représentent correctement les habitants des 2 communes, et en plus des réponses pouvaient venir de toute la France.
Autre problème: la question posée est très ambiguë. Ce qui a été fait entre la commune de Saint-Nicolas-de-Véroce et Saint-Gervais-les-bains en 1974 est donné comme exemple de la démarche envisagée. Mais le mot « rapprochement » semble bien mal adapté à cette situation car on pourrait davantage parler de rattachement ou de fusion, pour décrire ce qui s’est passé il y a 40 ans au moment où la commune de Saint-Nicolas-de-Véroce est devenue une partie de la commune voisine.
En raison de la méthode employée et de la confusion contenue dans la question, les chiffres finaux doivent être utilisés avec une grande précaution. Jean-Marc Peillex a proclamé les résultats comme s’ils étaient issus des urnes, on a presque eu droit à un taux de participation et au nombre de bulletins exprimés !!! Sur 660 réponses, on enregistre 437 "pour", 205 "contre" et 18 "indifférent". Il en déduit alors que le résultat est sans appel et qu’il démontre clairement une attente de la population. N’est-ce pas là aller un peu vite en besogne ?
Ce sondage en ligne ressemble à "un grand coup de pied dans la fourmilière" qui nous parait inadapté pour un sujet "à prendre avec des pincettes". Les discussions et les explications doivent venir bien avant d’interroger les populations concernées. Il est important d’informer les habitants des 2 communes pour préciser la forme de rapprochement envisagé. Ensuite, un véritable référendum est indispensable pour mesurer le soutien des administrés. Et surtout, il est primordial que cette volonté soit partagée par les deux communes et qu’en tout cas les deux conseils municipaux soient capables d’échanger sur le sujet.
Au vue des échanges récents par voie de presse des deux maires, la discussion semble bien mal engagée voir fermée du côté des Contamines. Etienne Jacquet a dénoncé une " tentative de putsch" dont " la légèreté et la violence ne peut pas générer de réponse à chaud". Plus tard, il a ajouté " je n’ai très clairement aucun intérêt à la fusion, j’ai le meilleur enneigement, la plus haute réserve naturelle d’Europe, une sortie d’endettement ".
Nous avons souri en lisant le maire des Contamines évoquer le désendettement de notre commune alors qu'il se contente d’allonger la durée des annuités de remboursements. Son manque d’arguments et son incapacité à prendre du recul se sont reflétés dans ses mots largement disproportionnés. Quand il utilise des comparaisons avec Vladimir Poutine et tente de se victimiser, encore une fois, il parle bien d’attitudes qui lui sont familières : aux Contamines, on ne discute pas les décisions du premier édile ! Et le conseil valide les choix de Monsieur le Maire, alors que normalement le maire travaille sur les choix de son conseil.
Même si une idée rebute spontanément, l’ouverture d’esprit permet, d’écouter les arguments avancés, de confronter sa propre opinion et de débattre librement. Mais depuis deux ans, l’expérience montre que les discussions sont fermées aux Contamines.
Des avancées sont possibles pour un rapprochement de nos communes et toutes doivent être étudiées. Nos deux villages ont de très nombreux points communs mais aussi des spécificités. Nous pourrions travailler ensemble dans plusieurs domaines pour l’amélioration de la vie des concitoyens, pour réaliser des économies, pour le tourisme... Une mutualisation des moyens et des équipements, un partage des compétences pourraient être mis en place. Par exemple les Contamines pourraient participer au fonctionnement de la piscine de Saint-Gervais, ensemble nous pourrions créer un service de navettes entre les deux villages et au lieu de créer des casernes de pompiers dans chaque commune, celles-ci auraient pu être communautaires. Les services municipaux pourraient partager leurs connaissances et leur matériel (balayage des rues, camions…etc.…). L’exemple à suivre est peut-être celui de la vallée de Chamonix, de Servoz à Vallorcine qui a su mutualiser les réponses aux besoins de la population et du tourisme, en se servant de chaque commune.
En revanche, si le souhait de Jean-Marc Peillex est que notre village devienne un nouveau hameau de Saint-Gervais, nous nous opposerons clairement à ce projet. Notre commune n’est pas dans une situation dramatique. Malgré les allégations assénées par le maire des Contamines, notre collectivité peut continuer à investir pour se développer tout en remboursant les anciennes dettes, le tout sans augmenter les impôts. Ce sont sans doute ses nombreux « cris aux loups » dans les journaux locaux qui auront alerté le maire de Saint-Gervais.. Nous traversons actuellement une période difficile il est vrai et les décisions prises par l'équipe municipale n’ouvrent pas un horizon très serein et inquiètent de nombreux contaminards. Les résultats du sondage ne sont-ils pas qu’une expression de cette inquiétude ? Mais le village des Contamines a de très nombreux atouts pour assurer l’avenir de ses habitants.
Dans l’immédiat, une discussion avec le conseil municipal de Saint-Gervais est indispensable afin d'aborder le sujet. Il est nécessaire de passer en revue tous les aspects de la vie de nos communes : tourisme, associations, social, écoles, transports…etc… Il faut écouter ce que propose le maire de Saint-Gervais afin de se positionner et pouvoir réellement échanger sur le sujet. Un rapprochement ne pourra exister que par la volonté commune des élus contaminards et saint-gervolains, et sera toujours préférable à une fusion imposée par l’Etat. Et peut-être verrons-nous un jour la création d’une nouvelle commune appelée Val Montjoie, dont les habitants seraient les valmontjiens et valmontjiennes ?
A
bientôt pour de nouvelles infos.
Lydie
Roch-Dupland et David Mermoud
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