samedi 15 juillet 2017

Centre : rien qu’un projet immobilier !!!

Le 27 juin, une réunion d’information sur le projet du centre du village était organisée à l’Espace Animation par les sociétés Quanim et Escrim. Après le retrait du permis déposé le 1er décembre 2016, nous ne pensions pas que ce sujet allait revenir si vite. Mais il semble bien que le maire et son équipe soient pressés de récupérer les 1 600 000 euros attendus par la vente des terrains municipaux. Et pour cela, il faut accélérer la procédure…




Comme beaucoup de nos concitoyens, nous étions curieux de voir comment le projet immobilier allait être présenté à la population des Contamines après l’avis défavorable donné par le commissaire enquêteur pour la modification du POS en début d’année et les très nombreuses critiques exprimées par les personnes qui étaient passées en mairie pour remplir les 4 cahiers mis à leur disposition.

Comme d’habitude, les points pouvant créer la polémique ont été mis de côté et cet épisode a été transformé par les promoteurs en une occasion de faire avancer le projet vers plus de qualité. Cet argument a été avancé tout au long de la présentation pour faire croire que les constructeurs tenaient compte de l’avis des habitants du village. Mais personne n’est dupe, c’est simplement la crainte d’être retoqué de nouveau lors de la validation du PLU qui a poussé les promoteurs à modifier leur projet. Fini les 18 mètres …. du moins du côté de la place. La hauteur maximale est maintenant de 16 mètres. Mais, en revanche, aucune information n’a été donnée sur la hauteur du côté Mont-Joly. Comme l’a fait remarquer une personne de l’assistance, il aurait été intéressant qu’un dessin représentant la vue depuis la rive gauche soit exposé. Mais à part le côté « place », aucune autre façade n’a été décrite, sans doute par crainte de la réaction du public.


Règlement du futur PLU pour cette construction


Comme les hauteurs, le nombre d’appartements de la résidence de tourisme a été revu à la baisse. Dans le projet initial, il avait été annoncé que 94 appartements seraient construits. Le chiffre est maintenant de 72. Cela a été justifié par la volonté de créer des appartements plus grands. Il n’y aura pas de T2 comme prévu initialement, seulement des T3, T4, T4 duplex et T5. La capacité de l’hôtel reste la même : 30 chambres.  Ces 2 structures seront classées 4 étoiles. Ceci est probablement le seul bon point de ce projet.




Changement supplémentaire : le gestionnaire Odalys a été remplacé par CGH. On se souvient que l’an dernier, cet accord avec Odalys avait été présenté comme un atout exceptionnel pour le projet : « et en plus, ce sera géré par Odalys » aimait répéter le maire. Nous avons interrogé les promoteurs sur cette modification. Un an plus tard, ce gestionnaire de résidence de tourisme est présenté comme une entreprise en difficulté, peu fiable et ne pouvant pas apporter la qualité recherchée pour ces constructions. On voit que le vent a vite tourné…., ces explications semblent cacher des désaccords plus profonds entre les anciens partenaires lors de l’avancement du projet. 




Changement de gestionnaire, réduction du nombre d’appartements : le programme immobilier présenté ce mois de juin comporte des différences notables avec celui qui a remporté l’appel à projet l’an dernier. Mais cela ne semble pas choquer grand monde, tant que le montant du chèque attendu reste le même !!! Cela confirme ce que nous pensions déjà, le but premier et unique pour l’équipe municipale est d’obtenir le maximum d’argent, qu’importe ce qui sera construit.  Et si encore on savait à quoi servira cet argent ? A désendetter la commune ? Pourtant, non,  la dette a été étalée sur de nombreuses années. Une dette, on peut la rembourser. Un bien, une fois vendu, est impossible à récupérer. Cet argent servira-t-il à réparer les routes ? On peut en douter quand on voit ce qui n’a pas été fait depuis 3 ans.

Deux questions restent entières et n’ont bien sûr pas été abordées puisque le temps de question du public était très court : comment une société peut-elle répondre à un appel à projets en proposant un programme immobilier qui ne tient pas compte de la réglementation urbanistique en vigueur ? Et la seconde est induite par la première : comment ce projet a-t-il été retenu étant donné qu'il ne répondait pas au cahier des charges ?

Nous avons justement ressorti le cahier des charges adressé aux candidats. Le préambule listait les difficultés du centre de notre village : 

  • important chassé-croisé de véhicules, 
  • cohabitation difficile entre véhicules et piétons, 
  • problèmes de sécurité pour les piétons, 
  • difficultés de stationnement, 
  • difficultés en matière d’attractivité commerciale du Centre – Village 
  • difficultés d’animation du Centre – Village. 

Le projet qui est présenté aujourd’hui ne résout aucun de ces problèmes, au contraire, il va les aggraver.

Rien n’est prévu pour améliorer le stationnement. Lors de la présentation, il a été expliqué que le parking compte actuellement 72 places et que ce chiffre sera le même à la fin des travaux. Nous en doutons fortement. Des parkings souterrains sont prévus pour la clientèle de l’hôtel et de la résidence : 1 place par appartement. Mais pour un T3, un T4  et un T5, les vacanciers viennent souvent dans plusieurs voitures. Seules 10 places de stationnement sont prévues pour ces véhicules supplémentaires. Et tous ces vacanciers feront-ils systématiquement l’effort de se garer dans le parking qui leur est réservé ? Et si on compte le personnel de ces établissements et des 4 nouveaux commerces, combien de places restera-t-il réellement pour le public? La diminution des places de parking va faire fuir les touristes du centre du village. Sans oublier que dans les documents du futur PLU, seulement 35 places sont indiquées à cet endroit. 




De plus, l’accès à ces parkings privés et publics se fera comme actuellement, à travers la place centrale. Ces entrées et sorties de voitures seront une gêne constante pour le chassé-croisé des  véhicules et pour la déambulation des piétons. Et on ne parle ni du déneigement, encore moins de la sécurité !!! Quant aux animations, on se demande vraiment, où elles pourront être organisées. 

Il apparaît clairement que ce projet est purement immobilier. On est loin de l’aménagement du centre dont les Contamines ont besoin. Aujourd’hui le maire se vante qu’après des décennies d’échec pour l’aménagement du centre, son projet va aboutir contrairement à ceux de ses prédécesseurs. Mais dans le passé, les différents projets visaient à un réel aménagement du centre : une circulation sécurisée et aisée pour les piétons, un agrandissement notable du parking, la création d’une réelle place pour les activités touristiques et autres animations et la création d’un lieu d’accueil pour tous les touristes regroupant les différentes structures. Cela avait un coût mais était financé par l’argent de la vente du terrain. Le projet immobilier n’était alors que l’un des éléments de cet aménagement global.  




Aujourd’hui on ne peut plus parler d’aménagement, mais seulement de la construction d’immeubles qui vont empêcher tout aménagement futur. Notre centre restera bloqué comme il est actuellement à cause de ce projet immobilier avec une place traversée par des voitures à la recherche d’un stationnement. Quant à l’amélioration de l’accueil des touristes, le maire a clairement indiqué que cela n’est pas son problème : « La commune n’a pas à financer des structures pour des privés » Sous-entendu les moniteurs, les guides et autres socio-professionnels. Ces locaux sont vétustes et plus du tout à la hauteur des attentes du public accueilli, un public de plus en plus exigeant et de plus en plus mobile. Mais le maire explique que ces sujets sont inintéressants et n’entrent en aucun cas dans sa politique.  A ce compte-là, si on comprend bien ce discours, pourquoi la commune devrait-elle financer  l’Office de Tourisme pour faire la promotion de la station dans l’intérêt de personnes privées (hôtels, restaurants, meublés, commerçants,…) ? Et pourquoi accueillir gracieusement et sans convention un ostéopathe dans les locaux communaux du cabinet médical ?




La volonté unique est donc de vendre au meilleur prix cette parcelle de terrain sans tenir compte de son emplacement. Les promoteurs sont face à un terrain rectangulaire : leur but est de le remplir au maximum sans se soucier de son environnement et des conséquences sur l’aspect paysager qui en sortira. Il y a fort à parier que les 4 immeubles qui constituent ce programme immobilier auraient été les mêmes si ce terrain avait été situé dans un autre endroit du village ou même dans une autre station. Les architectes présents ont osé affirmer s’être promené dans le village et s’être inspiré du type de construction des Contamines. Ils n’ont pas dû aller plus loin que l’immeuble de la Cressoua !!! Si des changements ont été apporté à ce projet, l’aspect extérieur reste le même : une barre d’immeuble en L qui viendra réduire et fermer la place en bouchant la vue sur les sommets. 


Immeuble la Cressoua


Malheureusement, le processus est enclenché : le permis de ce projet doit être déposé en juillet. Si le nouveau PLU est confirmé, ce permis pourra être accordé cet automne. Le début des travaux est annoncé pour le printemps 2018 et la livraison des bâtiments pour décembre 2019. C’est le calendrier officiel si rien ne vient perturber l’agenda. Car en plus des procédures administratives, la construction de ce programme immobilier va dépendre de la vente des différents appartements de la résidence de tourisme. Comme nous l’avons expliqué dans le passé, ces logements vont être vendus séparément à de très nombreux particuliers qui souhaitent investir pour obtenir une exonération fiscale. 




Ce système de « vente à la découpe » a deux inconvénients : au bout quelques années, chaque propriétaire peut faire le choix de récupérer son bien et de stopper la location : les lits chauds refroidissent.  De plus le projet ne peut pas démarrer avant que 50% des logements soient vendus. Et cela peut prendre du temps. Les promoteurs ont expliqué que la clientèle visée pour l’achat de ces appartements est celle de la Grande-Bretagne. Mais le Brexit est passé par là, il n’est pas certain que les investisseurs soient aussi nombreux que prévu. 

De plus, ce système de vente pose des problèmes pour la gestion de la résidence. Le promoteur construit les immeubles qui sont vendus par morceaux à de très nombreuses acheteurs. A la livraison des travaux, le promoteur se retire et laisse le gestionnaire se débrouiller avec ces multiples propriétaires. Les décisions doivent être votées lors d’assemblées de copropriétaires comme pour un immeuble classique. Si des travaux d’entretien et des réparations doivent être entrepris, le gestionnaire doit avoir l’accord de la majorité. Ce système est un frein pour une bonne gestion des résidences de tourisme et pour leur exploitation. En cas de difficultés, il arrive que le gestionnaire décide de se retirer.




Généralement, les communes préfèrent le système de la vente en bloc. Les résidences sont acquises par une SCI (Société Civile Immobilière) qui vend des parts à des investisseurs. Avantages : les travaux peuvent commencer sans attendre la vente de 50%, les appartements restent forcément des lits chauds et le gestionnaire n’a qu’un seul interlocuteur. Ce système assure généralement la pérennité des résidences de tourisme pour 50 à 60 ans. Lors de l’appel à projet de l’année dernier, celui de CFA proposait cette procédure. Mais ce candidat n’a pas été retenu bien qu’il amenait 1 600 000 euros, qu’il avait pour partenaire Odalys alors en odeur de sainteté et proposait un aménagement du centre, à financer, certes, mais qui pouvait répondre aux besoins de notre commune.




Lors du dernier conseil municipal le 6 juillet, le maire a fait voter à son équipe une délibération afin d’accorder à Quanim-Escrim le droit de changer de gestionnaire et le calendrier a été modifié sans qu’aucun conseiller de l’équipe en place ne s’en étonne. Pourtant avec Peggy Le Bruchec, nous n’avons pas manqué de renouveler notre désaccord tant sur le projet lui-même que nous trouvons incomplet, que sur les méthodes utilisées pour forcer le passage de cette construction. Nous ne développerons pas ici les propos désobligeants tenus par une adjointe au maire  à propos du manque d’intelligence de la population. Pourtant ce projet est majoritairement refusé par les habitants qui y voient une barre d’immeuble et seulement une opération commerciale et immobilière sans aucun rapport avec les besoins du village ni avec son architecture et son histoire. L’intérêt du maire est encore très éloigné de celui de ses administrés…



Nous aurions aimé vous présenter les croquis exposés lors de la réunion publique. Mais n’avons pas pu les obtenir et bizarrement ils ne sont pas diffusés sur le site internet de la mairie. En revanche on y trouve les dates pour l’enquête publique concernant le PLU : du 31 juillet au 6 septembre avec des permanences du commissaire enquêteur le 31 juillet, les 10, 19 , 23 août et le 6 septembre. Il est important de se déplacer et de s’exprimer sur ce PLU.

Dans 15 jours nous aborderons un autre sujet qui ne manquera pas lui aussi de faire réagir : la subvention supplémentaire de 400 000 euros accordée à l’EPIC pour combler le trou dans ses comptes.


Rendez-vous le 1er août pour de nouvelles infos.

Lydie Roch-Dupland et David Mermoud


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