dimanche 15 juillet 2018

Le centre du village sauvé par un collectif ?

Depuis plusieurs mois nous n’avions plus de nouvelle du projet immobilier annoncé au centre du village. Le permis de construire avait été accordé le 14 décembre 2017, l’enquête publique pour le déclassement du parking avait suivi quelques semaines plus tard, mais depuis, rien ne se passait. Nous ne savions pas si les pelleteuses allaient arriver pour détruire la boucherie ou bien, si les promoteurs traînaient des pieds suite à d’éventuels problèmes administratifs. Aucune information ne venant de la mairie, il était très difficile de connaitre l’état de la situation.

Mais la semaine dernière, nous avons eu la surprise de découvrir la dernière « parution » de la commune. Bulletin municipal ? Lettre du maire ? Hors-série ? On ne sait plus comment appeler ce document. Qu’importe la forme, nous n’avons pas été déçus par le fond. Nous pouvons remercier le maire d’annoncer une très bonne nouvelle à une large partie des habitants permanents ou non du village : le projet immobilier du centre est bloqué pour 1 ou 2 ans. Nous ne verrons donc pas s’élever de sitôt sur la place du village les barres d’immeubles venant masquer le paysage du haut de leurs 21 mètres. Et nous pourrons encore nous garer facilement. Dans de nombreux articles de ce blog nous avons fréquemment expliqué pourquoi ce projet nous déplaisait tant. Aujourd'hui qu’il est bloqué nous ne pouvons que nous en réjouir. 





Pour le maire, en revanche, ce blocage semble difficile à avaler, lui qui a répété si souvent que SON projet verrait le jour contrairement à ceux des précédentes municipalités. Et pour expliquer cette déconvenue, il a trouvé un coupable idéal : le collectif Cocicomo. Les lecteurs fidèles de ce blog connaissent ce Collectif Citoyen des Contamines-Montjoie, à qui nous avions laissé la parole récemment pour qu’il puisse présenter ses différentes actions. Nous soutenons vivement ce groupement de personnes qui ont su s’engager pour défendre les valeurs auxquelles elles sont attachées. 

Cocicomo avait déposé un recours gracieux auprès de la commune suite à l’accord du permis de construire. Ce recours ayant été rejeté par le maire, la seule solution était d’engager un recours devant le tribunal administratif de Grenoble. Celui-ci a été déposé le 9 juin dernier, lançant ainsi une procédure qui pourrait durer jusqu'à 2 ans, voire davantage. 




Cette action venant fortement contrarier les grands projets du maire, celui-ci s’en prend vivement aux membres du bureau de Cocicomo allant même jusqu’à les menacer de représailles devant la justice. Ils sont accusés de tous les maux : « opposition systématique, refus du dialogue, colportage de rumeurs farfelues »,… Ils sont désignés à la vindicte populaire comme étant ceux qui viennent empêcher le village de se dynamiser et d’être les obstacles à un avenir supposé radieux. Ce papier qu’on peut qualifier de torchon, dans lequel il tente de donner en pâture des citoyens contaminards serait risible, si ce n’était pas si triste… Triste pour les Contamines… Cette méthode archaïque et utilisée pour manipuler une population jugée crédule, montre bien le peu de respect que porte ce maire de village à ses concitoyens. Bienheureusement, les habitants des Contamines, pour la grande majorité ne sont pas aveugles et réfutent largement ces basses actions, payées par les deniers publics ! 




Ce document distribué par les élus Thierry Mirabaud, Gilles Brotel et Alain Musard dans les commerces a été édité à 1 700 exemplaires. Il serait intéressant de demander le coût d’une telle campagne de discrimination. Ce sont nos impôts qui permettent au maire de tenter de salir des habitants du village. Les membres du Bureau réagiront peut-être pour rétablir toutes les vérités. La réponse qu’ils apporteront sera celle du collectif et non pas celle des cinq personnes citées. Le fonctionnement d’un collectif, n’est pas celui, comme aux Contamines, d’une mairie dirigée par une seule personne qui veut tout contrôler ! En attendant nous ne pouvons que les féliciter de s’être ouvertement engagées pour porter la parole de tous. Et face à ce document indigne d’un premier magistrat d’une commune, nous avons souhaité apporter quelques éléments de réflexion. 

Ainsi le maire des Contamines vient se plaindre comme Caliméro : « 5 méchantes personnes ont bloqué la construction de mon beau et grand immeuble sur la place, c’est vraiment trop injuste… ». Mais si on regarde en arrière, on peut se rendre compte que le dossier avait peu de chance d’aboutir. 




Comme le rappelle ce document, toutes les municipalités précédentes ont cherché à réaliser des travaux pour moderniser le centre du village. Aucun des projets n’a pu aller à son terme. Nécessitant plusieurs années de développement, leurs concrétisation a souvent été remise en cause par les échéances électorales, le centre du village devenant le sujet principal des élections municipales. Il faut dire que ce sujet est des plus clivant, chacun ayant à l’esprit sa vision de ce que doit devenir le centre des Contamines. Entre ceux pour qui il ne faut rien changer et ceux qui voudraient tout raser, il y a un gouffre !!! Un projet faisant l’unanimité semble impossible. S’il y a un sujet à prendre avec des pincettes aux Contamines, c’est bien celui-là. 

Nous aurions pu imaginer qu’une nouvelle municipalité tienne compte de tout cela et avance sur ce sujet avec douceur et délicatesse. Les possibilités étaient multiples pour que la population s’approprie ce dossier et que le projet soit développé en accord avec le plus grand nombre : réunions d’informations préalables, groupes de réflexion, explications des avantages et inconvénient des différentes solutions, référendum pour choisir le lauréat,… Le projet de l’ancienne municipalité avait été arrêté devant l’échéance électorale, par souci de cohérence, afin de permettre aux nouveaux élus d'éventuellement remanier le projet. L’équipe d’Etienne Jacquet l’a jeté aux orties, certains conseillers ne l’ont même jamais vu. 


Projet de Quanim Escrim

La douceur et la délicatesse ne sont pas dans les manières du maire. Au lieu de tenir compte des erreurs du passé, il les a reproduites, et même amplifiées. Pas de discussion, pas de concertation, les contaminards doivent accepter LE projet choisi par le maire. Et s’il ne leur plait pas, il leur sera imposé et ils devront l’accepter. "Super Jacquet" allait réussir là où tous les autres avaient échoué. Mais l’équipe municipale a oublié un détail : au soir du 20 mars 2014, elle n’a été élue qu’avec une seule voix d’avance, lui donnant certes la majorité mais aussi l’opposition la plus importante qu’on puisse trouver et représentant 49.88 % des votants. 

Dans une telle situation, n’importe quel nouvel élu aurait compris sa position majoritaire relative et aurait cherché à travailler avec l’opposition forte en nombre. L’échange et le partage d’idées auraient dû être au centre des préoccupations de la majorité du conseil afin d’avancer des projets cohérents et créer une coalition constructive, vraiment tournée vers l’avenir du village. Mais l'équipe municipale a fait tout le contraire : exclusions des élus d’opposition des commissions municipales, mépris des citoyens et des idées différentes des siennes, critiques systématiques des municipalités précédentes, refus des questions du public lors des séances du conseil municipal, informations quasi inexistantes ou toujours très critiques, décisions incompréhensibles, arrêt de tous les projets datant d’avant mars 2014 (médecin, ski-roue, carrefour des Loyers…etc…) … Toutes les conditions étaient réunies pour que des personnes qui ne partagent pas la vision de la majorité, s’activent et se rassemblent pour défendre leurs convictions. Si le premier magistrat se plaint maintenant de l’existence d’une opposition forte à ses projets, il en est le seul responsable. 





Quand le projet du centre est revenu d’actualité, il est clairement apparu que l’avis des Contaminards et des résidents non permanents ne seraient pas entendu. Nous ne reviendrons pas ici sur les conditions étranges pour le moins, dans lesquelles le choix du lauréat s’est déroulé (règlement modifié pour l’un des projets, les autres candidats non informés de ces changements, lauréat qui annonce sa victoire plusieurs jours avant la décision du jury,…). C’est le projet de Quanim-Escrim qui avait été choisi, c’est le projet qui devait être réalisé !!! Le maire a tout tenté pour imposer ce projet qui lui tenait tellement à cœur. Il s’est même acharné, contre tous. Tout au long du processus qui a suivi, les signes de la contestation n’ont pourtant pas manqué. Ainsi la procédure pour modifier le POS a été annulée suite à l’avis défavorable du commissaire enquêteur. On peut se rappeler de la forte mobilisation de tous à cette occasion pour affirmer le refus de ce projet par la population. Suite à cela, le permis de construire avait été retiré par le promoteur. Lors de l’enquête publique pour le PLU, ce sujet a fait ressortir de nombreuses remarques négatives : beaucoup s’opposant à la création d’une zone spéciale pour ces immeubles, leur donnant la possibilité de s’élever jusqu’à 21 mètres. 



Extrait des plans du permis

Mais sans écouter et sans tenir compte de tout cela, le maire et ses conseillers ont continué à faire avancer le dossier, espérant le voir démarrer au plus vite et pensant sans doute faire taire les oppositions. Mais celles-ci ont repris vigueur en découvrant les plans et les détails de ce permis. Un aménagement du centre avait été annoncé, ce n’était finalement qu’un programme immobilier, sans cohérence avec les paysages, ni intégration de la place… Aucun stationnement supplémentaire, une place de village réduite, aucun aménagement pour les piétons,… De plus dans le projet d’hôtel et de résidence de tourisme, les incohérences sautaient aux yeux à l’examen des plans : un bloc massif supprimant toutes les vues remarquables sur les sommets environnants, un hôtel 4 étoiles sans salle de réception, un local commercial de 16 m², de très nombreux appartements en vis-à-vis, un nombre de place de stationnement insuffisant, … pour ne citer que quelques exemples. Les réactions ont été vives dans le village et une toute petite poignée de commerçants a eu beau afficher sur leur vitrine une version enjolivée de ce projet tant par la forme que par les hypothétiques retombées, le charme n’a pas pris, loin, très loin de là.





Le Collectif Citoyen des Contamines-Montjoie, qui compte près de 200 membres a décidé de réagir. C’est grâce aux dons de très nombreuses personnes, qu’il a pu engager une action en justice. On est loin des 5 individus désignés par le maire. Cette procédure devant le Tribunal de Grenoble est une volonté de tous de ne pas voir apparaître au cœur des Contamines un immeuble venant défigurer le paysage. Il ne s’agit pas de refuser un développement de la station, bien au contraire. Le souhait partagé est de conserver toutes les caractéristiques de notre village de montagne. Il est vrai que le centre des Contamines a besoin d’un aménagement, il est vrai aussi que les projets avancent dans les autres stations, mais est-ce une raison pour accepter de faire n’importe quoi et n’importe comment ? Les Contamines méritent tellement mieux que ça. 




Grâce à cette action de Cocicomo, le début des travaux est repoussé. Pour combien de temps ? 6 mois ? 1 an ? 2 ans ? Peut-être ce projet ne verra-t-il jamais le jour ? Tout dépendra du calendrier de la Justice. Les délais de traitement des dossiers sont très longs, il faut souvent patienter plusieurs années pour qu’un jugement soit rendu. Mais ce délai ne peut pas être imputé au Collectif.  

Dans sa lettre, le maire accuse Cocicomo d’être à l’origine du blocage du dossier. Mais cette vive réaction n’est-elle pas l’excuse providentielle pour venir masquer un projet qui prenait l’eau ? On peut s’étonner de la réaction de la mairie et du promoteur face à ce recours contre le permis. Ce type de procédure est assez banal, de très nombreux permis de construire sont attaqués. Les promoteurs n’ont-ils pas envisagé cette possibilité dans leur planning ? L’équipe municipale est très entourée de légistes en tout genre : une juriste fraîchement promue à un poste A de la fonction publique territoriale, et des cabinets d’avocats spécialisés en droit public. Au dernier conseil, le maire a pris une décision unilatérale : il a choisi pour la deuxième fois de son mandat un cabinet d’avocats pour la modique somme de 220 000 euros pour deux ans. 




Le maire est tellement sûr de lui : selon lui, il est évident que l’action engagée n’aboutira pas. Il peut sans difficulté, avec les promoteurs, commencer les travaux. Dans ce cas, l’avocat du Collectif Citoyen pourrait saisir la justice en référé. Et si le projet immobilier du centre est aussi parfait que le dit le maire, le processus législatif serait réglé en 6 mois ! Les travaux définitifs du centre d’Etienne Jacquet verraient le jour dès le printemps prochain. L’attitude du premier édile, sa recherche de responsables à cet échec, prouve bien que ce projet est mal ficelé et qu’il le sait….. Il est plus simple de prendre des boucs émissaires plutôt que d’admettre que la population aurait dû être écoutée et que le projet aurait dû être établi dans les règles de l’art, au lieu de faire un forcing pour imposer à tout prix ce programme immobilier qui a fait un véritable consensus contre lui.



Et qui peut croire qu’un collectif de simples citoyens contaminards serait capable de bloquer un projet développé par des professionnels de l’immobilier, entourés d’une armée de juristes si ce permis n’était pas rempli d’éléments factuels démontrant qu’il n’est pas valide ? Sans doute, les arguments avancés par l’avocat de Cocicomo sont valables et mettent en lumière tous les défauts et les irrégularités de ce permis de construire et démontrent de manière irréfutable l’infaisabilité de ce programme.

La lettre distribuée dans les Contamines a pour titre « Le projet centre village bloqué par une association ». Ce titre ne reflète pas la réalité. « La fin annoncée d’un projet immobilier mal conçu et mal géré » aurait été plus adapté et proche de la vérité.


Lydie Roch-Dupland et David Mermoud


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