jeudi 1 novembre 2018

Tout va très bien, Madame la Marquise.

Il était à peine arrivé, le voilà déjà reparti. Pascal Favier avait pris ses fonctions de directeur de l’office de tourisme en mai dernier, il les a quittées ou les quittera dans les prochains jours. Dans la série du turn-over record des Contamines depuis 2014, voilà encore un élément au dossier. Bien sûr nous n’avons pas eu connaissance des tenants et aboutissants de ce départ surprise, mais on peut se douter d’un désaccord profond entre Pascal Favier et son supérieur hiérarchique, à savoir le maire des Contamines, président de l’EPIC. 



Pourtant rien ne laissait présager cette fin de contrat précipitée. Fin septembre, Pascal Favier présentait fièrement la nouvelle brochure de l’hiver 2018/2019, préparait une réunion de début de saison pour décembre et annonçait ses projets pour les années à venir. Alors que s’est-il passé depuis ? Des reproches du maire sur telle ou telle chose ? Serait-il celui qui paie les erreurs de la mairie lors du combat des reines ? Le refus du directeur d’obéir à certains ordres ? Nous aurons beau poser des questions lors d’un prochain conseil municipal, on entend déjà le maire nous expliquer « que le directeur a choisi de donner une nouvelle orientation à sa carrière », comme répondu précédemment pour chaque personne qui a préféré s’éloigner de cette hiérarchie pesante. Qui peut croire encore à ces affabulations ?

Notre station est tout droit partie pour un second hiver consécutif sans directeur à l’office de tourisme : rappelons-nous, l’an dernier, Christophe Gernigon purgeait sa peine. On peut donc penser qu’Annick Roger va retrouver sa casquette de directrice par intérim. Elle a même déjà commencé à reprendre du service. Certains ont pu l’apercevoir sur France 2 dans le journal télévisé du matin dans le cadre d’un reportage sur l’essor du biathlon dans les stations françaises. Avec ces quelques secondes pour dire à 2 reprises que la fréquentation du biathlon a augmenté de 15% dans notre village, il n’est pas certain que cela fasse faire un bond aux réservations pour cet hiver. On ne peut que regretter ici le retard qu’ont subit les Contamines à cause de la politique incohérente menée depuis 4 ans et demi : une fois on ne veut plus du biathlon, puis on fait un retour en arrière et on ré-invente l’histoire….



Nous constatons donc que les ennuis de l’EPIC s’accumulent. Les finances sont au plus mal depuis des mois, maintenant le navire n’a à nouveau plus de capitaine. Va-t-on pouvoir éviter le naufrage ? Pour une commune qui vit exclusivement du tourisme, cela devient gravement préoccupant. Dans un monde du tourisme sans cesse en évolution, avec une concurrence forte des autres stations et des destinations internationales et dans un contexte difficile pour les sports d’hiver, nous ne pouvons pas continuer cette simple gestion des affaires courantes liée à une recherche continuelle des économies. La gouvernance des années précédentes a été désastreuse pour les finances de l’EPIC. Et quand les caisses sont vides, il est très difficile de se relancer. Avec une absence de communication importante dans les médias, aucun événement d’envergure organisé, des animations en saison au rabais, voilà la station enfermée dans un cercle vicieux.



Et quelle est la réaction de l’équipe municipale face à cela ? Le silence complet, l’omerta pourrait-on dire. Aucune information de transparence ou de vérité. C’est comme dans la chanson « Tout va très bien, Madame la Marquise » !!! Les finances sont dans le rouge vif, les directeurs sont remerciés les uns après les autres, mais tout va très bien… Vous remarquerez d’ailleurs que la mairie multiplie les communications, lettre du maire, newsletter, jamais l’EPIC n’est évoqué. C’est étrange, non ? D’ailleurs depuis 2 ans maintenant, la signature officielle du maire a perdu le titre de « Président de Contamines Tourisme ». Les titres ronflants devenus gênants disparaissent comme par enchantement, mais pas l’ambiance conflictuelle.

Heureusement, le directeur avait dû sentir venir les problèmes. En professionnel du tourisme, il avait anticipé la préparation des brochures de l’hiver, notamment le guide pratique avec toutes les activités et les tarifs. Rarement, cette publication n’a été prête aussi tôt. Généralement, on attendait le mois de novembre pour avoir les informations les plus complètes et les ajouts ou modifications de dernière minute. Mais cette année tout est prêt en avance. D’ailleurs, nous noterons qu’une fois de plus, tous les tarifs censés être validés par le conseil municipal avant publication, sont déjà disponibles et écrits noir sur blanc. Fin décembre, lors d’un supposé conseil municipal, le maire nous demandera dans le cadre d’une délibération si nous validons ces tarifs … Et quand nous lui ferons encore une fois remarquer ce décalage, il nous répondra « c’est une coquille » ou, « je vous entends »… On voit bien le rôle laissé aux conseillers municipaux par le maire et ses adjoints, qui entre huis-clos abusifs et non respect de la chronologie bafouent ainsi les règles. 


En comparant avec la brochure de l’année dernière, nous pouvons déjà lister les hausses de tarif que nous devront valider. Une autre augmentation est intervenue récemment, mais celle-ci ne figure pas dans ce document. Il s’agit de celle de la taxe de séjour votée lors du dernier conseil municipal, à huis-clos, après la visite des gendarmes. Les tarifs pour 2019 sont maintenant fixés au maximum légal. Par exemple 0.90 euros par personne et par nuit pour les 2 étoiles, 1.50 euros pour les 3 étoiles. Seuls les 4 étoiles restent en dessous du maximum possible avec 2 euros au lieu de 2.30 euros. Une question se pose : notre station propose-t-elle réellement des prestations qui méritent de faire payer les touristes au maximum ? Ces taxes ont été revues à la hausse dans le but de renflouer les caisses de l’EPIC….. En attendant d’imposer une hausse des impôts pour combler le déficit aggravé de cette gestion scabreuse ?



Revenons à la nouvelle brochure. Sa lecture permet d’avoir quelques informations sur les nouveautés de 2019. On nous annonce l’arrivée du ski-joëring et du golf sur neige. En revanche la yourte a totalement disparu. Elle avait pourtant fait les gorges chaudes du maire et de son acolyte Antoine Boisset. Une autre disparition nous interpelle grandement, il s’agit de celle des champions des Contamines. Pas un mot sur les jeunes sportifs qui portent l’image des Contamines sur les différentes pistes, alpines ou nordiques. Sans doute, l’EPIC n’a plus les moyens de sponsoriser les champions. Ou alors, est-ce un choix politique délibéré ? Dans les deux cas, nous ne pouvons que regretter cette décision. 

Plus qu’un simple nom sur un bandeau, cette aide financière de la commune symbolisait le soutien des habitants du village pour les jeunes sportifs, ambassadeurs emblématiques du village. Et même si elles sont difficiles à mesurer, les retombées d’une victoire ou d’une médaille pour la promotion des stations sont importantes. On entend parler des stations qui sont mises en lumière lors des victoires des champions. Très récemment Le Grand-Bornand a été une nouvelle fois mis à l’honneur grâce à la victoire de Tessa Worley à Sölden. Et on a rarement autant entendu le nom des Contamines dans les médias que lors des exploits de Marie Marchand-Arvier et de Coline Mattel pour ne citer que les plus récents. C’est un pari, certes, mais un pari sur l’avenir qui peut rapporter gros à la collectivité et ne coûte pas grand-chose à la commune. En effet, en cas de victoire, les primes sont assurées et ne proviennent pas de l’argent public.



Arrêter le soutien des champions nous apparaît comme une grossière erreur de jugement, d’autant plus que les jeunes contaminards sont très présents dans de nombreuses disciplines. Nicolas Raffort, par exemple, est membre de l’équipe de ski française, au côté d’Alexis Pinturault, de Jean Baptiste Grange ou Thomas Fanara, il fait partie de l’équipe A et, cet hiver, il s’élancera notamment sur les pentes des descentes de Kitzbuhel, de Bormio en passant par Garmisch ou Val Gardena. Malgré sa position dans l’élite mondiale du ski, il n’a pas reçu le soutien de l’EPIC et de la mairie. Il a bien failli porter les couleurs d’une autre station, pour ne pas la citer Méribel qui lui a fait les yeux doux. Mais finalement, il aura bien les Contamines sur son casque, plus précisément « Domaine skiable Les Contamines ». Il est officiellement sponsorisé par la SECMH qui va l’accompagner et le soutenir jusqu’au Championnat du Monde de 2023 qui se déroulera en France, en passant par les Championnats du Monde de 2019 et 2021, sans oublier les Jeux Olympiques de 2022 à Pékin. L’amour de son village natal et le soutien de la société d’équipement ont évité son expatriation vers la Savoie. 



Enfin, ce guide pratique nous a donné des nouvelles de travaux en cours. En effet le parking d’Armancette et le jardin d’enfants sont indiqués aux mêmes lieux que les autres années. Concernant le parking et vu les terrassements en cours, on peut se dire que les voitures auront du mal à stationner entre le pont des Loyers et le pont d’Armancette. Il ne reste pas grand-chose du grand parking souvent bien rempli et très utilisé en saison par les parents amenant leurs enfants à la garderie, les familles partant skier aux Loyers ou patiner. On se demande où toutes ces voitures vont pouvoir se garer cet hiver.

Quant au jardin d’enfants à côté de la garderie, même s’il est indiqué à plusieurs reprises dans la brochure, son existence semble fortement compromise. Le maire nous a largement expliqué que ce n’était pas son problème, que la commune ne devait pas s’occuper des affaires des professionnels privés. Mais en revanche, l’EPIC gère les activités de la garderie. Dans la brochure et sur le site de l’office de tourisme, il est écrit que « grâce à sa proximité immédiate du jardin d’enfants de l’ESF, La Galipette propose également des formules combinées ski-garderie. Les cours de ski sont adaptés aux compétences des enfants, cours piou-piou, ourson et flocon. L’équipe se charge d’accompagner les enfants jusqu’au cours de ski où ils sont confiés aux moniteurs de ski de l’ESF et sont récupérés après le cours ». 



Mais à quelques semaines des vacances de Noël, la question du jardin d’enfant n’est toujours pas réglée malgré les relances continues de l’ESF depuis 2 ans. Y aura-t-il cet hiver un jardin d’enfant ? Dans quelles conditions ? Cela promet un bon nombre de clients insatisfaits et c'est au diapason avec l’absence de sérénité que la majorité des prestataires ou acteurs rencontre dans les relations avec la mairie. Les échanges avec la commune sont toujours compliqués, voire inexistants.

Mais à part ça, tout va très bien Madame la Marquise…


Lydie Roch-Dupland et David Mermoud


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