lundi 13 juillet 2015

Avalanche de démissions

Notre commune doit faire face, depuis plus d’un an, à un nombre exceptionnel de démissions. Si on tient compte du personnel de la mairie et des structures liées (Office de Tourisme…), on dénombre une douzaine de départs, parmi lesquels on peut citer

- Le Directeur Général des Services
- Le Directeur des Services Techniques (à 2 reprises)
- Le Directeur de l’Office de Tourisme
- Le Directeur de la SGAT
- A la mairie (accueil, service juridique, cantine,..)
- A l’Office de tourisme (accueil, animation,…)
- A la SGAT (garderie,…)

A la lecture de cette liste, on peut réellement se demander ce qui motive toutes ces personnes à franchir le pas pour quitter un poste dans lequel elles travaillent pour la plupart, depuis de très nombreuses années.



Lors du conseil municipal, nous avons réussi à mettre ce sujet au cœur du débat, même s’il n’était pas, bien sûr, à l’ordre du jour. Nous avons rebondi sur un point concernant l’urbanisme pour évoquer le départ de Trinidade Goupille au Service Juridique et de Christophe Schneider, Directeur des Services  Techniques, depuis mars 2015.

Le maire a ainsi dû répondre à nos questions et  à celles de Bernard Chevallier également très surpris par le nombre important de démissions. « Nous, on a viré personne, on a juste accepté des démissions » explique-t-il, sans oublier d’ajouter « Vous en avez viré beaucoup plus ».  Effectivement,  si on totalise les départs sur les 30 dernières années, on arrivera à un chiffre similaire, mais sur 12 mois, un triste record vient d’être établi et il sera difficile à battre. 



Dans toutes les communes, les changements de majorité sont régulièrement suivis par des mouvements de postes mais cela reste toujours dans des proportions relativement faibles. Aux Contamines, on pouvait se dire que les nouveaux embauchés auraient du crédit aux yeux des membres de la majorité, puisqu'ils les ont eux-mêmes recrutés et choisis. Mais ce sont maintenant ces personnes là qui préfèrent quitter leur poste. Et cela nous interpelle vivement.

Le maire explique que le monde du travail a énormément évolué et que la mobilité du personnel est une réalité à laquelle les entreprises, mais aussi les collectivités doivent faire face. Rares sont maintenant les personnes qui restent dans un même poste toute leur vie. Cela est vrai mais n’explique pas tout. On veut bien croire par exemple que la responsable du service juridique quitte son poste pour partir assouvir sa passion de la musique à Londres comme l’a expliqué le maire, mais on peut réellement se poser la question de savoir si tous les départs sont réellement volontaires. 



Qu’une douzaine de personnes décide de quitter son emploi en si peu de temps ne peut pas être une coïncidence. «  Accepter des démissions c’est une chose, faire en sorte que les personnes partent, ça existe aussi » a ajouté Bernard Chevallier. Comme lui nous aimerions être certains que tous ces salariés ne sont pas partis parce qu’on leur a dit de partir ou parce que tout a été fait pour qu’ils décident de rompre leur contrat de travail de leur propre initiative.

Donner sa démission n’est pas une chose anodine. Dans la situation du marché du travail actuel, cette décision est le fruit d’une longue réflexion. Elle a des conséquences pour le salarié mais aussi pour tout son entourage.  On peut choisir de quitter un travail pour de multiples raisons : la proposition d’un poste plus intéressant, la volonté de casser la routine, pour suivre son conjoint, … mais aussi parce que les conditions de travail  sont devenues telles qu’un départ s’impose. 



L’équipe municipale explique sans cesse vouloir faire des économies et on sait tous que la rupture d’un contrat de travail représente un coût important. A ce sujet, le maire n’hésite pas à ajouter que « l’avantage des démissions, c’est que ça ne coûte rien ». Faut-il comprendre par là qu’il se refuse à renvoyer des agents et qu’il a trouvé la technique pour pousser à la démission les personnes dont il souhaite se séparer ? Faire des économies pourquoi pas, mais à n’importe quel prix, cela n’est pas notre conception de la gestion d’une commune.



Pour tenter de justifier ces départs à la chaîne, le maire et son équipe expliquent que depuis mars 2014, le rythme de travail a changé, et cette cadence serait devenue difficile à suivre pour certains. Pour preuve une phrase prononcée par l’édile de la commune et qui a largement fait réagir le public : « On travaille beaucoup et tout le monde n’a pas l’habitude, il y en a même que ça fatigue ». A qui est destinée cette phrase ? On ne le sait pas mais le personnel communal appréciera … Tous ceux qui ont donné leur démission depuis un an doivent-ils en déduire qu’ils ne travaillaient pas assez ? 



La vision du monde du travail d’Etienne Jacquet est particulière : ainsi pour illustrer ce rythme du travail effréné qu’il demande au personnel communal, il cite en exemple Bernard Besson, comptable de la commune depuis 2 mois et qui travaille chaque jour de 7h à 21h.   Le maire juge-t-il que ceux qui font moins de 60 heures par semaine, sont des tire-au-flanc? Sans oublier que les heures supplémentaires effectuées devront être régularisées : soit en les payant, soit en temps de récupération. 

Le but est-il d’épuiser à la tâche le personnel  pour ensuite le faire craquer et le remplacer rapidement ? Il y a en France une législation qui définit clairement ce que doivent être des conditions de travail normales. Elle s’applique partout et pour tous sans exception, même aux Contamines où le personnel communal doit être respecté, considéré et protégé. 



Ce rythme frénétique n’est il pas simplement le signe d’une mauvaise organisation de la gestion des dossiers par les élus ? Il est vrai que, dans le fonctionnement de l’équipe municipale,  « faire et défaire » c’est du travail : on tente de construire un projet, du temps est passé sur ces dossiers, certains sont soumis au vote en réunion du conseil et peu après on démonte tout…. Cela entraîne une réelle surcharge de travail. Cependant, il est clair que cette augmentation du temps de travail ne peut expliquer à elle seule ces démissions. 



Ces départs à répétition sont très préjudiciables pour notre commune. Par exemple l’absence répétée d'un Directeur des Services Techniques a des conséquences graves sur l’organisation du travail, l’avancée des travaux, le développement des projets,…Que de temps, d’énergie, d’efficacité et de productivité perdus. Et il ne faut pas oublier que pendant ce temps le personnel en place pâtit de cette absence et voit sa charge de travail décuplée.

Cette vague de démission est-elle terminée ? Impossible de le dire. Pour l’instant, nous craignons d’autres départs dans les prochains mois si rien n’est fait pour rétablir de bonnes conditions de travail  pour tous.


A bientôt pour de nouvelles infos.

Lydie Roch-Dupland et David Mermoud


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