lundi 8 décembre 2014

Des finances si désastreuses ?


Depuis mars dernier, chacune des décisions prises par la nouvelle municipalité est justifiée par « la situation financière catastrophique de notre commune ».  Ainsi dans le bulletin municipal de cet été, le maire explique que « notre situation budgétaire nous impose de devoir faire des choix de rigueur importants et immédiats ». Il ajoute : « toutes les dépenses comptent, si nous voulons sortir d’une impasse budgétaire qui met directement en péril notre avenir et notre indépendance ».
 
 






Ainsi, au fil des mois, l’équipe municipale a utilisé cette rigueur pour  justifier l’abandon de nombreux projets qui  pourtant avaient été votés dans le budget 2014, le 27 Février dernier.
• La sécurisation du carrefour des loyers : annulé
• L’aménagement des trottoirs entre le magasin « Diversités » et la boucherie : annulé
• Les travaux dans le lac de baignade : annulé
• La réhabilitation du mini golf : annulé
• Le Jardin Samivel : annulation des travaux prévus devant le presbytère.

A cela on peut ajouter l’arrêt définitif du projet de biathlon 4 saisons et  l’annulation des travaux de rénovation du camping. De plus, tous les travaux réalisés habituellement ont été stoppés. Avez-vous remarqué cet automne l’absence totale de travaux sur la commune ? Aucun aménagement de trottoir, de voirie, de travaux sur les réseaux d’eau ou d’électricité. On ne peut pas dire que la circulation a été perturbée par des feux rouges cet automne !!!

Cette recherche d’économies à tout prix a conduit à des décisions préjudiciables pour l’avenir. On peut citer l’arrêt de l’adhésion à l’association des maires des stations de montagnes à laquelle nous avons déjà consacré un article. L’action la plus grave a été la volonté de revenir sur les accords qui avaient été votés pour l’installation du nouveau médecin.  « Aide aux financements des travaux », « numérisation de l’appareil de radiographie », « rachat du matériel des précédents médecins » : toutes ces dépenses trop élevées selon l'équipe municipale, semblaient impossibles à financer. On voit aujourd’hui à quoi cela a conduit : le médecin a préféré retourner à Chamonix et on se retrouve dans une situation délirante. La commune tente de construire un second cabinet médical en un temps record et sans médecin traumatologue.
 
 

Pour faire des économies, le maire est même prêt à revenir sur les marchés signés lors du mandat précédent. Il faut savoir que l’entreprise qui a réalisé les panneaux de verre pour le jardin Samivel attend toujours le paiement de sa facture de 30 000 euros, un an après.  Bien qu’un appel d’offre ait été signé en 2013, le maire a bloqué le versement du dernier montant en avril et refuse de répondre aux courriers de l’entreprise. Cela a de grands risques de finir devant la justice. Bel exemple pour les administrés !!

Enfin, il faut savoir qu’au nom de ces « économies indispensables », le maire et son équipe ont refusé l’installation d’un petit téléski à côté du tremplin de la Duchère pour un coût de 10 000 euros (0.2% du budget de la commune) au détriment des jeunes enthousiasmés par la médaille olympique de Coline Mattel. Et même la demande de remettre en service une navette le mardi matin pour les personnes âgées désireuses d’aller au marché a été refusée car jugée trop onéreuse. Même les décorations de Noël sont ramenées à un degré minimaliste qui les rend presque grotesques.

Enormément d’exagérations ont été dites en réunion ou écrites à propos de la situation économique pour justifier une latence suspecte. En effet, la gestion d’une commune qui a frôlé la mise sous tutelle demande de la rigueur sans pour autant crier au loup pour dissimuler une absence de projets. Notre rôle est de rétablir quelques vérités

Quelques explications sont nécessaires pour en comprendre les mécanismes qui régissent les finances d’une commune.
D’un côté, la commune dispose de nombreuses recettes.
• Les impôts et taxes payés par les particuliers et les entreprises (73% des recettes)
• Les dotations et participations : aide de l’Etat, de la région, le département, …  (18 %)
• Le complément (9%) vient des ventes diverses, des services (locations, baux, eau,…)
 
 

En face, la commune doit financer des dépenses :
• Frais de personnel
• Eau, électricité, chauffage,… et entretien des bâtiments
• Parc automobile et matériel (tous véhicules, navettes scolaires, déneigement, entretien de la voirie)
• Participation  à la Communauté de Communes et aux Syndicats Intercommunaux : SISE, SITOM, SAIMJ, etc...
• Fournitures pour tous les services (par exemple : sel déneigement, cantine, matériel pour entretien des bâtiments,..)

A ces dépenses qui sont le lot de toutes les communes de France, les Contamines-Montjoie, station de sports hiver et d’été doivent faire face à des dépenses liées au tourisme.
• Fonctionnement des équipements touristiques de la station (parc de loisirs, garderie, domaine nordique, ...)
• Financement de l’Office de Tourisme et d’évènements pour faire connaître la station
• Navettes hiver/ été,…

Et, la commune doit rembourser ses dettes. Depuis plus de 20 ans, les différentes municipalités ont engagé des dépenses et ont dû emprunter pour pouvoir  les financer (espace animation, parc de loisirs, école,…). Nous payons  chaque année des annuités sur ces emprunts. On peut calculer ce qui reste à la commune quand elle a tout payé = recettes – dépenses – remboursement de la dette. Dans le budget 2014, cette somme s’élève à  511 000 euros.
 
 

Cet argent peut être utilisé de différentes façons.
• Soit on considère que la priorité est le remboursement de la dette, et cette somme est utilisée pour diminuer notre endettement
• Soit on considère que la commune doit réaliser des investissements pour l’entretien de l’existant (routes, bâtiments) ou la création de nouvelles structures dans la commune.
• Soit on gère le budget  pour à la fois diminuer la dette et investir pour le bien être de la commune et son avenir.

Certains discours mettent en avant le risque de mise sous tutelle des Contamines. Qu’en est-il ? Deux ratios sont souvent utilisés pour mesurer le niveau d’endettement d’une commune.
• Le premier est le taux d’endettement par habitant. Ce chiffre est difficilement utilisable pour nous comparer aux communes françaises. Les communes touristiques doivent gérer des infrastructures disproportionnées par rapport au nombre d’habitants permanents. Dans notre cas, il faudrait plutôt diviser la dette par 12 000 plutôt que par 1200 habitants. A la rigueur, on peut se comparer aux communes voisines qui connaissent une forte hausse de la population en saison.
 
Tableau issus du site http://www.proxiti.info/dette.php?o=74085&n=Les


• Le second ratio  est la capacité de désendettement. Il s’agit de comparer le montant total de la dette avec les bénéfices réalisés chaque année (Recette – Dépense). Il correspond au nombre d’années nécessaires pour rembourser la dette si l’ensemble du bénéfice était consacré au paiement des emprunts : Au-dessus de 12 ans, la commune est mise sous tutelle, entre 10 et 12 ans, la commune est sous surveillance et en dessous de 10 ans, la situation est acceptable

Pour les Contamines, ce ratio est aujourd'hui de 9 ans.  En 2008, il était très proche de 12 ans. La gestion de l'équipe municipale de Jean-Louis Mollard a permis de ramener l'endettement de la commune hors de cette zone d’alerte. La priorité était de rester en dessous du seuil de 10 ans, si possible 8 ans, tout en maintenant des investissements réguliers. Cet objectif a été atteint.

Entre 2008 et 2013, la commune a eu recours à l'emprunt pour réaliser des investissements supplémentaires et ce, sans aggraver le niveau d’endettement (montant emprunté inférieur montant remboursé). Ainsi, cela a permis chaque année de faire des investissements pour un montant variant entre 700 000 et 1 000 000 d’euros. L’équipe municipale précédente jugeait très important de pouvoir continuer à développer et à améliorer la situation de la commune et surtout ne pas la laisser se dégrader. Dans le monde concurrentiel du tourisme, l’investissement régulier est indispensable pour rester au niveau des autres stations. Cette année, avec  le même principe, la commune avait la possibilité de financer des investissements pour 720 000 euros sans aggraver sa situation financière.  

A nos yeux, le budget d’une commune ne doit pas se gérer comme le budget d’une famille mais comme celui d’une entreprise. Une famille endettée doit tout faire pour en réduire le montant au plus vite. Elle n’est pas à l’abri d’une diminution de ses revenus (perte d’un emploi par exemple) et peut remettre à plus tard toutes dépenses superflues (travaux, nouvelle voiture,…). Une entreprise qui a des dettes ne peut pas stopper ses investissements. Elle doit étaler le paiement de sa dette et continuer à investir pour rester concurrentielle, pour proposer de nouveaux produits, remplacer des machines,… Sinon, elle met sa survie en danger.
 
 

Une commune qui vit principalement du tourisme est comparable à une grande entreprise. De plus, elle est assurée d’une large partie de ses revenus futurs. Les taxes et impôts qui représentent 73 % des ressources, ne vont pas disparaître. Elle a donc la possibilité d’étaler le paiement de sa dette pour pouvoir continuer à réaliser chaque année des investissements  conséquents afin d'assurer son avenir.

Aujourd’hui nous ne comprenons pas cette recherche systématique d’économies par le maire et son équipe. Quelle est leur volonté ?  Au regard des mois passés, la diminution de la dette est-elle la priorité absolue étant donné le peu d’investissements réalisés ? On peut effectivement réduire la dette et ramener le ratio de 9 à 5 ans, voire 3 ans. Mais si cela doit se faire au prix d’une dégradation de l’état de la commune, est-ce réellement souhaitable ? ? Les investissements impliquent de la part d’une équipe en place une vision éclairée de l’avenir. N’avons-nous pas d’objectifs ? Le développement du tourisme est-il encore une priorité pour notre village ? Dans les prochaines semaines, nous devrons voter le budget 2015. Alors nous aurons des informations sur les dépenses réalisées cette année et les prévisions pour l’année qui vient. L’équipe municipale devra faire des choix et les justifier sans se cacher derrière le prétexte de la situation économique. Cela nous laisse présager de nombreux articles sur ce blog à ce sujet…


A bientôt pour de nouvelles infos.
 
 
 
Lydie Roch-Dupland et David Mermoud
 

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