mardi 16 juin 2015

Mal à la Gorge

Nous terminons notre série d’articles sur le conseil municipal du 26 mai et nous attardant sur le projet de l’équipe municipale pour le fond du Val Montjoie.

Au début de cette année, nous avions déjà eu quelques indices sur les réflexions actuelles du maire et de ses conseillers pour l’aménagement du site de Notre-Dame de la Gorge. Un bail a été signé avec EDF pour la transformation de l’ancienne gare en maison de la réserve ou du tour du Mont-Blanc. Puis nous avions appris lors du vote du budget qu’une étude pour un coût exorbitant de 200 000 euros était annoncée pour l’aménagement de cet endroit. Quelques réflexions du maire nous avaient fait comprendre que des pourparlers étaient en cours avec les propriétaires des terrains alentours. La commune souhaite clairement avoir la main mise sur ce secteur de notre commune.



Ce projet a franchi une nouvelle étape lors du dernier conseil municipal, un des points à l’ordre du jour concernant la signature d’un bail emphytéotique entre la commune et l’association missionnaire d’entraide salésienne. Cette association est propriétaire des deux bâtiments situés à côté de l’église de la Gorge : le presbytère et la vieille auberge. Elle possède également les terrains qui s’étendent des deux côtés de la route départementale : à gauche entre le parking EDF et le rond-point, le long du Bonnant. A droite cette propriété occupe tout le champ situé derrière les oratoires, englobe les 2 bâtiments, entoure l’église et occupe une partie de l’espace dégagé en face de la cascade de glace. (voir zone délimitée en rouge sur la photo ci-dessous)



Après la signature de ce bail, la commune sera autorisée à utiliser ces parcelles pour réaliser les aménagements qu’elle envisage. Que dit précisément ce bail ? La signature de ce document engage les 2 parties pour une durée de 99 ans. Son coût sera d’un euro symbolique par an.  En lisant attentivement le paragraphe sur les "conditions de jouissance", nous comprenons ce que le maire et son équipe envisagent pour ces terrains : « le bailleur (l’association) donne néanmoins expressément l’autorisation au preneur (la commune) d’aménager divers espaces naturels sur ces terrains, tels qu’une réserve de petite faune de montagne ou un parc floral. Pourront être construites les infrastructures bâties nécessaires à ces espaces naturels. »

Ainsi il est clairement envisagé de construire un parc animalier autour de l’église de la Gorge. Comme d’habitude, nous n’avions pas d’autres informations que ces quelques lignes et nous avons interrogé le maire pour tâcher d’en savoir plus sur ce projet que nous apparaît totalement hallucinant. Nous avons souhaité savoir ce qui se cachait derrière le terme « petite faune de montagne ». « On pourra y mettre des marmottes, des lagopèdes, des tétras lyres, … » a répondu le maire. A en croire les détails ajoutés, « les visiteurs pourront y trouver ici des animaux  gambadant en liberté à travers les rhododendrons, les sabots de vénus ou les plants de génépi » .



Tout cela est très bucolique dans les discours mais la réalité nous apparaît plus sombre. Les animaux ne resteront pas dans cet espace restreint par la vertu du Saint Esprit, ou plutôt de celle de Notre-Dame de la Gorge. Qui dit animaux, dit installation de hauts grillages tout autour du périmètre, la construction de bâtiments pour le fonctionnement de ce parc, ... Faudra-t-il déplacer les oratoires devenus gênants ? A quand l’arrivée des bulldozers pour déchirer ce paysage afin d’y créer des creux et des bosses pour reproduire des similis espaces naturels, sans oublier les chemins piétons qui serpenteront au milieu des grillages ? On voudrait nous faire imaginer un lieu ressemblant au parc de Merlet aux Houches, la surface disponible nous fait davantage penser à un zoo.



Ce projet est décrit comme étant à vocation écologique. Nous n’avons pas du tout la même notion de l’écologie. Est-ce là, le message défendu par ASTER si souvent citée par l’équipe municipale ? Concentrer sur un espace réduit des espèces éloignées de leur milieu naturel ? Non, les marmottes ne vivent pas et le génépi ne pousse pas à 1200 mètres d’altitude. Ne serait-il pas préférable d’expliquer que de nombreux animaux peuplent la réserve naturelle, le plus souvent cachés. On peut les admirer à certains endroits, à certains moments de la journée. Quelle joie d’apercevoir, par surprise, à moins d’une heure de marche, une marmotte qui sort de son terrier et court rapidement se cacher plus loin, plutôt que de regarder une dizaine de marmottes domestiquées à quelques mètres des voitures.



Quel message voulons-nous faire passer aux personnes qui viennent dans notre région ?  Les fleurs de montagnes cultivées à cet endroit devront-elles être génétiquement modifiées pour s’adapter à l’altitude, à l’exposition, à la terre,… ? Le coq de bruyère n’est-il pas mieux sur ses places de chant au mois de mai que derrière des barreaux ? Quelle espérance de vie pour un lagopède, volatile si fragile de nos sommets enneigés ? Ces oiseaux verront-ils le ciel à travers les filets  les empêchant de migrer vers leurs espaces naturels ?  Actuellement de grandes associations se battent pour fermer les delphinariums et autres zoos et ici dans ce site magnifique de Notre-Dame de la Gorge, on a l’intention de saccager l’espace préservé pour y enfermer les sublimes espèces sauvages qui peuplent nos montagnes ! 
Nous vous invitons à lire un texte qui explique bien en quoi les zoos et l’écologie sont antinommiques. (cliquez sur ecologie.nature.free.fr/pages/dossiers/dossier_zoos.htm)



Ce projet nous choque doublement : par son caractère antagoniste à une véritable défense de l’environnement  mais surtout par le lieu choisi pour le réaliser. Le site de Notre-Dame de la Gorge est un endroit particulier pour les habitants du village, pour les habitués des Contamines, pour les visiteurs qui le découvrent par hasard. Personne n’est insensible à l’atmosphère particulière qui règne en ce lieu, témoin silencieux de tant de mariages. Croyants ou non, nombreux sont ceux qui aiment passer un moment dans ce lieu, pour se recueillir, méditer, réfléchir ou simplement se reposer. Tous apprécient son silence, son calme juste troublé par le tumulte du Bonnant. On serait presque tenté d’y parler à voix basse pour ne pas déranger cette paix. Il suffit d’observer les personnes à proximité de l’église : pas de cris, pas d’agitation, tout est calme et paisible. 



Pourquoi changer tout ça, pour quelles raisons ? Nous pensons que le rôle d’une municipalité est d’améliorer, d’aménager les parties d’une commune qui en ont besoin, pas d’abîmer ce qui existe et qui est apprécié. S’il y a un endroit aux Contamines qui fait l’unanimité c’est bien ce site de la Gorge. Nous n’avons jamais entendu personne se plaindre de son état, demander des investissements pour l’aménager ou le transformer. Bien au contraire, ce sont toujours des louanges sur la qualité de ce lieu et le fort désir de le conserver tel quel.  Le maire explique qu’il souhaite en préserver le cadre écologique. Mais où est le danger ? Qu’est ce qui menace ce site à part les projets qu’il est lui-même en train de construire.  Et au-delà du cadre écologique, c’est le cadre historique, patrimonial, culturel et religieux qu’il convient de préserver car celui-ci est maintenant en danger. L’église de Notre-Dame de la Gorge est un joyau du baroque qui fait l’admiration de tous et qui n’a pas besoin d’être entouré de marmottes pour exister. C’est un témoignage précieux de notre histoire, de notre passé, de notre culture. On entend AME dans le mot Contamines : la nôtre est la Gorge. Notre rôle est de préserver ce lieu tel qu’il a traversé les siècles pour pouvoir le transmettre. 



L’équipe municipale souhaite dépenser de l’argent dans le fond de la vallée. Ne serait-il préférable de terminer la restauration de l’église ? Les lieux à améliorer ne manquent pas dans notre commune, dans tous les hameaux. Si le maire et son équipe cherchent des idées, on pourra facilement leur en donner. Ainsi, par exemple,  entre le centre hippique et le parking EDF, le terrain est laissé à l’abandon, ne servant qu’à entreposer des gravats, les blocs de pierres,… Pourquoi ne pas  y monter un projet qui serait une liaison parfaite entre le parc de loisirs du Pontet et le fond de la vallée ? Ce vaste espace offre de nombreuses possibilités. Au lieu de dénaturer un site si cher à tous, de tout vouloir concentrer sur une surface restreinte, de tout mélanger et de s’engager dans un projet sujet à confrontations et polémiques, l’aménagement de ces terrains délaissés créerait un nouveau lieu agréable et mettrait encore plus en valeur le fond de notre vallée avec le soutien du plus grand nombre.



Le site de la Gorge mérite une attention particulière. Les projets annoncés par le maire et ses conseillers nous préoccupent au plus haut point. Nous savons que de très nombreuses personnes partagent nos inquiétudes. Nous continuerons à suivre ce dossier au plus près et nous y consacreront d’autres articles dès que nous aurons des informations à vous donner.  

A bientôt pour de nouvelles infos.
Lydie Roch-Dupland et David Mermoud

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