lundi 30 novembre 2015

Des chiffres et des lettres

Nous reprenons cette semaine notre lecture du budget 2016 de l’EPIC « Les Contamines Tourisme ». Dans notre précédent article, nous nous étions arrêtés aux lignes concernant la navette et la confirmation de l’abandon de la gratuité. Mais il nous restait bien d’autres prévisions comptables à examiner.




Le budget total se monte à 2.737.000 euros. Côté dépenses, le poste le plus important vient des charges de personnel, soit 1.146.000 euros. Pour 2015, cette dépense représentait  576.000 euros. Le coût des salaires va donc doubler en une année. Sacrée augmentation !!! Interrogé sur cette explosion des charges de personnel, le directeur de l’EPIC explique que de nouvelles activités sont gérées par cette structure (agence postale communale, garderie à l’année, patinoire, …). De plus certains salaires étaient pris en charge directement par la commune, ce qui n’est plus le cas maintenant (personnel de la base de loisirs, garderie, domaine nordique,…). Ces explications sont effectivement recevables pour comprendre une part de cette hausse des charges de personnel, mais pour d’autres nous avons vraiment du mal à l’admettre : par exemple, les salaires pour les animations qui passent de 36.000 à 140.000 et les salaires de la Direction qui sont multipliés par 2.5.




Du côté des recettes, nous avons entendu le maire répéter à maintes reprises que « maintenant la subvention de la commune ne représente que 58% du budget total contre 100% auparavant ». Ce qui, bien sûr, est reporté sur le compte-rendu du dernier conseil pour montrer la grande capacité de gestion de l’équipe municipale. Il faudrait mieux parler de sa grande capacité à manipuler les chiffres !!! Il est vrai que dans ce budget 2016 de l’EPIC la subvention représente juste un peu plus de la moitié des recettes et qu’auparavant, pour  l’association « Office de tourisme » elle apportait la quasi-totalité des revenus. Mais jamais à 100 % d’ailleurs,  car cette association pouvait compter sur les cotisations des socio professionnels de la station.   





Mais quelles sont alors ces recettes qui sont apparues grâce au merveilleux travail de l’équipe municipale ? Voilà ce que l’on peut retrouver parmi les autres postes qui permettent de faire fonctionner l’EPIC :
  • Les recettes de la centrale de réservation 
  • Les ventes faites par l’OT et les recettes des animations 
  • Les ventes de tickets de tous les équipements touristiques communaux
  • La taxe de séjour
  • Les navettes (vente de tickets + participation de la SECMH)
  • Le petit train 
A part les recettes des navettes et du petit train, tous les autres postes existaient déjà. Sauf qu’elles étaient perçues directement par la commune ou par la SGAT et non pas comptabilisées dans le budget de l’OT comme tente de le faire croire l’équipe municipale. Donc, rien de neuf à signaler. La création de l’EPIC s’est accompagnée d’une refonte totale de la comptabilité des activités touristiques de la commune.  Il est donc impossible de comparer le financement actuel  de l’Office de Tourisme avec la situation précédente. Vouloir le faire, est une preuve de grande mauvaise foi.  Le changement vient simplement du fait que la commune reverse directement à l’EPIC  les recettes qu’elle conservait précédemment  (taxe de séjour, équipements communaux, …). Ce passage de 100% à 58% n’est aucunement le signe d’une meilleure gestion mais simplement la conséquence de la création de l’EPIC. Et dans les faits rien n’a changé : les recettes de  l’Office de Tourisme viennent toujours principalement de la commune. 



Et si on regarde attentivement, poste par poste, les lignes de ces recettes, on constate que les dirigeants font  preuve d’un optimisme impressionnant, voire inquiétant. Cet été, il nous avait été annoncé que les résultats de la centrale de réservation allaient progresser de 30% en 2 ans. Les chiffres actuels pour l’hiver qui commence, reflète une diminution de 2%. Partis comme ça, les + 15 % pour 2016 vont être difficiles à atteindre. Mais cela ne semble pas inquiéter le comité de direction de l’EPIC puisque les estimations des différents postes sont tous à la hausse. +50% pour la taxe de séjour, + 40% pour la base de loisirs, + 25% pour la garderie. A cela on peut ajouter les recettes de vente de tickets navettes estimées à 80.000 euros alors qu’il nous est expliqué qu’une bonne partie des usagers ne paiera pas grâce à la carte d’hôtes. Et quand on sait que ces ventes représentaient moins de 50.000 euros dans le passé, nous avons vraiment du mal à comprendre comment cette somme va pouvoir être atteinte un jour. Seule recette estimée à la baisse : celle de l’Espace animation qui passerait de 58.000 à 25.000 euros. Était-ce vraiment nécessaire de multiplier les tarifs par 3 pour arriver à la moitié des recettes ? Drôle de façon de gérer !!! 




Toutes ces prévisions à la hausse nous paraissent extrêmement périlleuses. On est loin d’une gestion de « bon père de famille » et plutôt proche d’une gestion hasardeuse qui vise à financer ses dépenses grâce à des résultats exceptionnels.  Quelle confiance dans l’avenir !!! Mais ce n’est pas si étonnant de la part d’une équipe municipale qui se revendique constamment comme étant meilleure que toutes les précédentes qui ne savaient pas comment gérer, qui prenaient toujours de mauvaises décisions. 

Il nous a aussi été expliqué que le Trésor Public validait les dépenses. A notre connaissance, il n’en est rien : le régisseur signe les chèques selon les mandats, mais n’est pas là pour juger de la bonne gestion du budget. Dans de grandes stations comme Méribel, les réveils ont été difficiles, voire catastrophiques suite à une gestion risquée du budget de l’Office de Tourisme. Les conseillers se disaient aussi que le Trésor Public les préservait de mauvaises surprises comme en témoigne la lecture des comptes rendus des conseils municipaux de cette commune.




Parmi les découvertes issues de ces chiffres, nous avons relevé celle concernant le « Petit train ». Quel petit train ? Pour aller où ? Interrogé sur ce sujet, Christophe Gernigon a répondu qu’il s’agissait d’un projet pour l’été 2016 pour transporter les personnes entre le centre du village et Notre-Dame de la Gorge. Nous ne comprenons pas l’intérêt de cette nouveauté étant donné que les navettes assurent déjà cette mission. Faut-il interpréter cela comme une future suppression des navettes pendant la saison estivale ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais nous craignons que ce petit train en soit le signe annonciateur. Le coût de la location de ce moyen de transport serait de 33.000 euros pour des recettes estimées à 45.000 euros. Faudra-t-il ajouter d’autres dépenses (personnel, énergie,..) Et pour atteindre les recettes escomptées de 45.000 euros, il faudrait une fréquentation journalière de 150 personnes payant  chacune 5 euros. Quelle utopie !!! Ce petit train touristique, comme il en existe dans toutes les villes touristiques, ne parait pas très indiqué à un village. Concrètement, nous avons du mal à voir comment cette idée pourra voir le jour.




Enfin, nous avons été étonnés de découvrir les recettes et dépenses prévues concernant la nouvelle patinoire. Nous avons entendu à de multiples reprises  le maire expliquer qu’il était intolérable que la commune finance sans cesse des activités ne dégageant pas de larges bénéfices. Cet argument a été utilisé pour justifier les augmentations faramineuses des tarifs de la garderie et de l’espace animation, la vente du camping,…. Quelle surprise de découvrir que le fonctionnement de la patinoire allait coûter 75.000 euros et rapporter, au mieux, 30.000 euros. Soit 45.000 euros de perte chaque année, sans compter le coût de construction de la patinoire. En voilà un bel investissement qui va rapporter de l’argent à la commune !!! Avec de telles décisions, il est vraiment très mal venu d’oser continuer de critiquer les politiques des prédécesseurs.  Chaque sujet abordé par le maire demande une adaptabilité de son auditoire pour entendre et croire ses explications. En effet, il faut être capable de comprendre que, ce qui est valable dans une situation, ne l’est plus du tout pour une autre, pourtant similaire…




Nous aurions pu nous attarder sur d’autres éléments de ce budget 2016 mais nous vous avons déjà abreuvés de très nombreux chiffres. Et nous n’avons même pas pu poser toutes nos questions en séance du conseil vu l’état de fureur dans lequel est entré le premier édile après quelques remarques de notre part. Et même si celui-ci a martelé à plusieurs reprises qu’à ce jour jamais un budget de l’OT n’a été exposé de manière aussi précise au public, de grandes questions restent en suspens. Que veulent dire les lignes : VTT 3V ? Label qualité meublés ? Elles ne sont pas accompagnées de chiffres, fort heureusement car aucune de ces appellations ne correspond à un produit contaminard…. Elles font plutôt écho aux pistes de VTT des 3 Vallées et à un label spécifique à ce même lieu…. 




Mais ce sont quelques mots prononcés lors de ce dernier conseil  municipal qui nous ont le plus marqués. A deux reprises, le directeur de l’EPIC a fait une réflexion peu commune pour un dirigeant d’un Office de Tourisme. Lors des discussions sur la réduction des circuits des navettes, nous avons enttendu de sa part qu’il était fort regrettable que ce soit « les impôts des contaminards qui payent pour les touristes ». Et d’ajouter quelques minutes plus tard pour justifier les nouveaux tarifs de la garderie, qu’il était « fort dommage que ce soit l’argent public qui paye les vacances des touristes ». Entendre cela dans une commune qui vit exclusivement du tourisme est une véritable aberration. Si les contaminards payent aujourd’hui des impôts c’est grâce à l’argent dépensé chaque année par les touristes qui font le choix de venir à la montagne, chez nous, malgré le coût élevé des sports d’hiver. De plus une large partie des impôts fonciers vient des très nombreux propriétaires de résidences secondaires. Il faut quand même remettre certaines choses à leur place. Comment peut-on  considérer les touristes comme des personnes qui viendraient se faire payer des vacances sur le dos des contaminards ? Surtout quand on nous explique que l’augmentation des tarifs de la garderie  est nécessaire pour financer son fonctionnement à l’année. A ce sujet, les premiers effets se font sentir : certains propriétaires déjà subissent des annulations de séjours à cause des tarifs excessifs de la garderie. 




Tout cela nous laisse pantois… On est loin de la politique de services offerts à la clientèle afin de faciliter ses séjours, lui apporter le meilleur rapport qualité/prix et ainsi la fidéliser. Mais un conseiller actuel avait annoncé : « il n’y a pas que le tourisme aux Contamines »…. Nous n’avions pas mesuré l’importance de cette phrase. En effet pour nous, le développement de notre village vient du tourisme et uniquement du tourisme. Des choix ont été faits dans le passé avec une volonté constante d’améliorer la satisfaction de la clientèle et d’augmenter la fréquentation.  Quand on fait la liste de toutes les décisions prises récemment,  il apparaît clairement que cette volonté a aujourd’hui disparu.

A bientôt pour de nouvelles infos.

Lydie Roch-Dupland et David Mermoud

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